Page:Collectif - Revue canadienne, Tome 1 Vol 17, 1881.djvu/590

Cette page n’a pas encore été corrigée

sères, et l’agriculture, ce noble et généreux état consacré par les premiers besoins de l’homme, serait plus honorée qu’elle ne l’est de nos jours. La vie des champs est rude par elle-même, il est vrai ; elle déforme les lignes de la main et brise l’élégance conventionnelle des manières ; mais elle donne en compensation la santé, la vigueur et la joie. Malgré son long hiver, la province de Québec peut retirer beaucoup de ses produits agricoles ; il faut pour cela l’amour du travail et un nombre suffisant de bras. A-t-on jamais pensé d’ailleurs aux avantages providentiels qui se rattachent particulièrement aux grands froids de cette partie du Canada, et qui sont ceux-ci ; l’empêchement d’une immigration étrangère aux instincts absorbants et envahisseurs ; le développement facile de la race canadienne-française et la garde intacte des principes catholiques. Cela vaut la peine d’y réfléchir et de ne pas déplorer injustement la sévérité du climat.

O ! Canadiens, chers compatriotes ! si vous voulez continuer d’être heureux, n’allez pas à l’étranger. La terre est chez vous, grande et fertile ; elle rendra au centuple ce que vous lui aurez confié, et plus vous semblerez la fatiguer par un travail opiniâtre, plus vous ferez acte de justice et de patriotisme. Ainsi donc vous ne passerez plus la frontière, vous ne délaisserez plus votre beau pays. Sont-ce des manufactures que vous désirez ? Vous en avez déjà et vous en aurez plus encore. Vous êtes sous l’égide d’un gouvernement qui peut, sans aucun doute servir de modèle aux autres ; vous avez de sages ministres, qui ayant compris dans toute leur étendue les besoins de l’État, ne font tous les jours qu’élargir leurs vues politiques et économiques. Sont-ce des plaines auxquelles vous aspirez ? Vous en trouverez au Manitoba qui valent celles du Colorado et du Kansas ; elles vous attendent, et quoiqu’eloignées, elles font encore partie de la patrie ; bientôt un grand chemin de fer les traversera en leur apportant la richesse et la vie. Considérez attentivement vos vallées fertiles, vos superbes rivières bordées de forêts enchanteresses, et voyez ensuite si elles ne méritent pas votre admiration et votre attachement. Enfin en n’allant plus grossir le nombre