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que s’appelle la séparation de l’Église et de l’État ; comme si l’un et l’autre pouvaient également balancer leurs droits et leurs pouvoirs. Il faut cependant se rappeler que le catholicisme est d’institution divine, et que par là tout doit lui être soumis : or l’école jouant un rôle très grave, tant dans l’éducation que dans les mœurs, doit nécessairement procéder d’après les vrais principes religieux. En ne remplissant pas fidèlement cette condition, elle devient le plus dangereux ennemi du cœur et de l’esprit qu’il soit possible d’imaginer, car elle leur infiltre peu à peu, froidement et systématiquement le poison de l’indifférence et du matérialisme.

Considéré à part, l’enseignement américain a bien ses qualités pratiques ; mais ce qui lui manque d’essentiel dans les hautes questions de morale affecte sensiblement la solidité des études qui, bien qu’elles durent au delà dix ans, sont peu élevées et très superficielles. Quand les hommes ont nié une fois le principe suprême de l’autorité, ils tombent dans un autre excès qui est celui de rechercher en eux-mêmes l’appui qu’ils ont refusé ; aussi il arrive que, poussé par ses maîtres, l’élève des écoles publiques ne craint pas de traiter les questions les plus graves de morale ou d’économie politique ; il se forme des idées fausses qu’il ne pourra jamais modifier parce qu’il anticipe sur l’expérience à laquelle un âge plus avancé peut seul prétendre. En le faisant jouer trop tôt avec les difficultés de la pensée, on paralyse l’élève et on lui enlève entièrement l’amour de l’étude et de la méditation ; aussi l’on s’aperçoit plus tard que l’homme du monde ne vaut guère mieux que l’écolier d’autrefois, et qu’au lieu d’avoir fait un penseur, l’école n’a produit qu’un esprit prétentieux et stérile. Enfin, l’enfant formé dans cette enceinte n’a ni le sentiment du respect, ni celui de l’obéissance ; et loin de marcher dans une voie rassurante pour lui et pour la société qu’il devra joindre un jour, il n’est plus qu’une âme privée dès le début des lumières de la Foi et des privilèges de la grâce divine : chez lui, nulle douceur, nulle sympathie ; il prend peu à peu les sentiments de la dignité, même celui de la politesse dans les manières ; il n’a pour partage que le long supplice d’une existence