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LE COLORADO EN 1880.

Suivi de quelques réflexions sur les États-Unis en général.


Des Écoles Publiques.

(Suite)

Charmés par la splendeur des édifices affectés à l’enseignement, et frappés de l’extrême sollicitude de l’État pour l’instruction populaire, ces bons bourgeois se moquent carrément de leur évêque ou de leur curé ; ils se font une fausse conscience en tranchant des difficultés qu’ils ne se donnent pas la peine d’approfondir, puis ils envoient leurs enfants aux établissements laïques. Ils objectent — toujours par esprit de liberté, comme leurs frères séparés — que l’enseignement religieux appartient à chacun en particulier, et qu’il n’incombe nullement aux écoles. Mais voilà justement l’écueil où se brise la prétendue sagesse de ces aveugles parents, qui de leur côté ne font pas plus que les écoles pour inculquer à leurs enfants la plus nécessaire de toutes les sciences : celle de leurs devoirs envers Dieu. À quelle époque se forment les impressions, et quand prennent-elles leur empreinte définitive, si ce n’est dans cet âge tendre où tout frappe, saisit et entraîne. Un jeune cœur est facile, complaisant et sensible à l’attraction ; il cède à l’autorité qui le gouverne, comme la cire sous les doigts du modeleur. Si donc l’enfance présente à la fois tous ces caractères, elle exige par conséquent des soins assidus et de sages précautions ; sinon, tout est perdu, et ce n’est assurément pas une institution hostile à Dieu par le seul fait qu’elle juge à propos de n’en pas inculquer le principe, qui remplira le vide moral causé par une si coupable négligence. D’ailleurs il y a dans le système des écoles laïques, ainsi que dans la triste tendance des temps modernes en général, la vieille question d’éliminer en tout et partout l’autorité religieuse ; ce qui en politi-