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Si le cadre de cette causerie ne me permet pas d’entrer dans plus de détails sur le mode et le personnel d’une expertise, je puis du moins protester encore une fois contre l’accueil trop complaisant fait au premier facteur qui se présente lui-même ou se fait présenter par un compère et contre le semblant d’examen fait de son ouvrage.

ENTRETIEN DE L’ORGUE.

Un orgue n’est pas seulement un joli meuble fait pour cadrer avec l’architecture de l’église, un instrument d’occasion bon tout au plus à donner de l’éclat à la seule solennité motivée par son installation, c’est encore un œuvre d’art, un monument durable qui ne doit jamais cesser d’être le digne accessoire du culte et l’honneur d’une paroisse.

Négliger, comme on le fait souvent, l’entretien de l’orgue au point d’en faire une véritable ruine, c’est non seulement une maladresse, un manque de goût, mais encore une véritable profanation.

Je connais tel orgue de nos campagnes que le facteur n’a jamais été appelé à visiter depuis le jour de l’inauguration, et qui se trouve dans un désordre tel que, sans le buffet, on ne saurait plus reconnaître l’œuvre primitive.

L’on admet la nécessité d’entretenir, de réparer l’édifice le plus solide et le plus vulgaire, et l’on semble ne tenir aucun compte des détériorations auxquelles peut être sujet cet ensemble de pièces nombreuses et délicates, de matériaux divers dont se compose un orgue.

Que d’altérations possibles à corriger soit dans l’accord, soit dans le mécanisme, que d’accidents à prévenir ? l’exposition au froid, à l’humidité, aux rayons solaires pénétrant par un vitrail trop rapproché, la poussière, les insectes et jusqu’aux hirondelles venant mourir dans les tuyaux et les réduire au silence ; les rats rongeant le cuir des soufflets, et pis que les rongeurs, les mutilations du premier ignorant venu,[1] le mouvement naturel des bois, les secousses violentes imprimées à toute l’action par les mauvais organistes et par leurs piétinements sur les pédales.

  1. Il n’en manque pas de ces officieux toujours prêts à tout gâter gratuitement, taillant ou déprimant les tuyaux sous prétexte de les accorder.