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voyageurs qui y descendent ; et ces derniers souvent enclins à la tristesse et à l’anxiété s’y coudoieraient avec plus d’aisance.

Cette appréciation un peu sévère d’une chose considérée comme si importante sur notre continent, ne doit affecter en rien l’opinion générale : elle n’est, au contraire, que l’expression d’un sentiment personnel, et l’une des conséquences accordées à chacun d’écrire librement ses pensées ; et si quelquefois le lecteur ne se sent pas du même avis que celui qui écrit ces lignes — et cela avec le plus grand droit du monde — il devra au moins lui accorder un peu de sympathie pour ses efforts et pour la sincérité de ses intentions.

Les plus importants hôtels après le « Windsor, » sont le « Charpiot’s Hôtel, » l’ « American House, » le « Grand Central » et le « Glenarm ». La moyenne des prix est de 3 à 3 dollars et demi par jour. Il y a d’autres établissements très recommandables où les bourses modestes peuvent s’adresser en toute confiance. Parmi ces derniers nous aimons à citer le « St. Nicholas » tenu par M. G. M. Lahaye, canadien natif de Batiscan. Ce monsieur, l’un des doyens de Denver, quoique jeune encore, mérite certainement des éloges pour la bonne tenue de sa maison et surtout pour l’intérêt qu’il porte à ses compatriotes. Quant aux restaurants à la carte, les gourmets ne peuvent mieux s’adresser qu’en allant chez « Charpiot » déjà nommé, ou chez « Cella » près du théâtre, 15ème rue. Le service de ces deux maisons est fait tant soit peu à la française, et les vins y sont excellents. Toutefois il est bon de n’y pas trop faire d’extravagances, car si Lucullus dînait bien, même avec Lucullus, il n’avait pas du moins de carte à payer ; tandis que de nos jours tout simple mortel peut s’imposer un quart d’heure de Rabelais aussi désagréable qu’imprévu.

Il s’imprime à Denver plus de journaux qu’il n’en faut pour avoir d’intéressantes nouvelles et de bonne littérature. Le Denver Tribune, organe républicain, et le Rocky Mountain News, dont la politique est démocratique, méritent seuls une certaine attention. Les plaisirs sont représentés par un théâtre assez malpropre portant le titre pompeux d’Opéra, et donnant parfois des pièces tronquées et d’un goût dou-