comme le pionnier de la race blanche celui qui a créé des rapports définitifs avec les Sauvages de cette région et qui y a laissé des souvenirs dont les traces se retrouvaient partout vingt ans après sa mort.
Colomb n’a vu qu’un coin de l’Amérique, sans savoir qu’il trouvait un continent. Cartier ne s’est rendu qu’à Montréal. Ces hommes sont au premier rang parceque d’autres les ont suivis — et encore Cartier n’a guère eu de suite, puisque, soixante ans après lui, le Canada était tout aussi peu connu et fréquenté qu’avant le premier voyage.
Donnons à chacun sa part de gloire. Nicolet a pesé d’un aussi grand poids que Jolliet ou la Salle dans la balance de son temps. Si vous effacez les noms des héros secondaires et de ceux qui rivalisent avec vos hommes de prédilection, Français ou Canadiens, au moins n’allez pas méconnaître celui qui a frayé à tous le chemin du Mississipi.
Le caractère officiel de Jolliet n’est pas au-dessus de celui de Nicolet. La situation de notre pays en 1634 et 1673 fait seule la différence. Le dernier venu a eu l’éclat d’une plus large publicité ; il s’adressait à la France de Colbert, au Canada de Frontenac, à une colonie réorganisée, forte et remplie de dispositions admirables.
Prenons garde que l’Histoire, « cette grande menteuse » ne dérobe à notre attention le mérite du dévancier.