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deux explorateurs envoyés (1673) de Québec par Frontenac — lesquels, nous le répétons, n’ont rien fait d’extraordinaire.

Une douzaine d’années plus tard, la Salle entreprit des établissements aux bouches du Mississipi ; en cela, il fit œuvre de fondateur et quoiqu’il n’ait pas réussi, il mérite une belle place dans l’histoire.

Le découvreur véritable du Mississipi c’est Jean Nicolet[1] qui s’en approcha à trois journées, par le Wisconsin, en 1634. Son émule est Médard Chouart des Groseillers qui explora les alentours du lac Supérieur, en 1645, et hiverna, en 1659, dans le pays des Sioux, aux environs du lac Pépin ;[2] à son retour il parla du grand fleuve avec enthousiasme.

Sur les traces de ces deux hommes, les Sauvages et les Français se mirent en rapport, immédiatement, pour les fins de la traite ; les missionnaires, on le sait, n’étaient jamais loin des « voyageurs » ; des deux côtés du Mississipi nous eûmes bientôt établi des intelligences avec une quinzaine de tribus, sinon davantage, petites et grandes, qui nous joignaient par la baie Verte ou par Chagouamigon. En 1654, des Français de Québec ou des Trois-Rivières partirent pour le pays où il y avait « une rivière fort précieuse qui aboutit à une grande mer que l’on tient être celle de Chine » ; les Sauvages de ce pays, situé au sud-est du lac Supérieur, étaient descendus aux Trois-Rivières. Deux ans plus tard une nombreuse flottille de traite, montée par ces Sauvages (les Outaouais) descendit au même lieu.

La lecture attentive des mémoires et récits du temps nous montre la constante préoccupation des missionnaires à s’avancer dans les profondeurs du continent, sitôt après le voyage de Nicolet dont le Père Lejeune parle avec éloge. Nous ne connaissons pas les noms de tous les « donnés » et « engagés » des jésuites, ni ceux des interprètes et avanturiers que leur incroyable fantaisie poussait alors à s’enfoncer parmi les nations du sud et de l’ouest, mais il faudrait être aveugle pour ne pas voir le mouvement envahisseur des

  1. Voir notre volume intitulé Mélanges.
  2. Voir l’étude en cours de publication, par M. l’abbé H. V. dans le Journal de l’Instruction Publique, 1881.