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plus agréables à habiter. Le fameux Pike’s Peak, sur le sommet duquel le gouvernement a établi un observatoire météorologique, s’élève près de cette seconde ville. Peu loin de là est le Manitou Park avec le Jardin des Dieux (Garden of the Gods), ainsi que le Ute Pass, et d’autres curiosités naturelles qui méritent certainement d’être vues. Mais occupons-nous particulièrement de Denver. Il sera sans doute intéressant de connaître cette ville qui date à peine de 22 ans, alors que le Colorado lui-même ne se prêtait qu’à des campements d’essai. Les premières habitations que l’on y construisit coûtèrent le poids de l’or, à cause de la rareté des matériaux et de la longue distance qu’il fallait parcourir pour se les procurer. Le bois de charpente venait du Missouri, et la traversée des prairies, qui aujourd’hui se fait en 28 heures, durait alors six semaines.

Quant à ceux qui ne pouvaient se loger dans une maison un peu convenable, ils n’avaient d’autres ressources que celle de s’enfouir dans une espèce de caveau plus propre à serrer des légumes qu’à abriter des humains. Mais rien ne soutient tant le courage que l’ambition de la fortune ; la soif de l’or fait oublier bien des fatigues, que souvent l’on ne voudrait pas endurer pour un plus noble motif. Un petit ruisseau roulant des paillettes d’or, celui qui parfois devient torrent et que l’on connaît déjà pour avoir dévasté Denver, donna l’éveil aux mineurs, qui en le remontant arrivèrent aux montagnes où de grandes richesses les attendaient. Ce ruisseau qui porte le nom peu caractéristique de Cherry Creek, est aujourd’hui complètement méconnu, et loin de lui témoigner de la reconnaissance, on parle actuellement d’en détourner les eaux qui menacent de détruire ou d’infecter une partie de la ville. L’espace qu’occupe aujourd’hui Denver ne promettait d’abord que très peu pour l’avenir ; seulement la Platte (South Platte River) qui coule dans la partie ouest et qui arrose le pays sur une grande étendue, offrait de précieux avantages ; la limpidité de ses eaux ainsi que l’herbe assez abondante qui croissait sur ses bords, permettaient d’élever des troupeaux, et c’était déjà une raison d’établissement si toutefois le but principal, c’est-à-dire la recherche de l’or était d’autre part couronnée de succès.