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maladie trop avancée n’accomplisse son œuvre de destruction. Un grand écrivain dit que : « tous les corps, le firmament, les étoiles, la terre et les royaumes ne valent pas le moindre des esprits ; » ainsi l’on ne peut attribuer au soleil qu’une puissance relative émanant d’une volonté supérieure qui régit tout selon sa sagesse éternelle.

Le climat de Denver est loin d’être aussi chaud qu’on se le figure d’abord ; la cause en est plutôt dans l’élévation du pays que dans sa latitude. Le thermomètre descend jusqu’à 15 et 20 degrés au-dessous de zéro (Farenheit). Il est vrai que ces froids exceptionnels ne sont pas de longue durée. Ils n’arrivent ordinairement qu’en décembre et janvier. Il faut dire aussi que l’intensité du froid diminue de beaucoup sur le haut du jour, à cause de la latitude, qui malgré tout conserve quelque influence ; mais il est parfois des nuits qui ne le cèdent pas en rigueur à celles du Canada.

L’on voit des gens qui arrivent à Denver sans vêtements d’hiver et qui s’étonnent des froids sévères qu’ils y éprouvent. Ils souffrent pour avoir négligé de prendre de bonnes informations avant d’entreprendre le voyage aux Montagnes Rocheuses. Avis donc à ceux qui ne sont pas encore prévenus. Les tempêtes de neige commencent très souvent en novembre et finissent en mars, quelquefois même en avril ; elles sont furieuses mais courtes aussi la neige ne parvient jamais à une épaisseur assez forte pour empêcher les voitures de rouler. L’usage du traineau n’est que fantaisiste. D’ailleurs l’inconstance de la température est tellement extraordinaire, et les changements si brusques qu’aujourd’hui il fait une chaleur assez sensible, tandis que demain il faudra mettre de la fourrure ; et cela continue alternativement pendant 4 ou 5 mois de l’année. Cependant l’abondance de la lumière compense largement les bizarreries du climat. Un ciel couvert est un ciel de deuil au Colorado, de même qu’une pluie un peu longue étonne et déconcerte.

Mais, chose étrange, il y a la monotonie de la lumière comme il y a celle des jours sombres : cela tient à la nature du pays et surtout aux caprices de notre imagination qui veut tout et ne veut rien, qui jamais ne se repose et qui poursuit constamment une insaisissable idéalité. Éclairez