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vigueur, et oblige en quelque sorte les évènements à lui obéir. Il rend son âme à Dieu après avoir imposé sa volonté aux hommes.

Le Trifluvien demande que la Nouvelle-France s’étende jusqu’à la mer de l’Ouest. On a vu des miracles de patriotisme et d’activité sous Champlain et ses successeurs, il ne s’agit que de recommencer. Après avoir été les premiers dans l’Est et le Sud, il faut que les Canadiens devancent les autres races dans l’Ouest. Le gouvernement protestera qu’il n’a pas d’argent, pas d’hommes, pas de projets, qu’importe ! Le courage, le dévouement, le génie tiendront lieu de tout cela. Il n’est pas bon que l’Amérique du Nord reste étrangère à l’influence française ! Portons nos avant-postes au pied des Montagnes-Rocheuses, le roi sera forcé de-nous y suivre. Le gouverneur de Québec commandera un empire grand comme la Russie ; nos colons de la rivière Rouge et de la Saskatchewane se croiront toujours domiciliés dans le voisinage des Trois-Rivières.[1] La Verendrye traverse toutes les épreuves de cette situation exceptionnelle et quand il meurt le nord-ouest est à nous.

Un siècle après Champlain, on ouvrit les yeux sur ce qu’il avait fait. Un siècle après La Verendrye, notre Canada élargissait politiquement ses frontières, selon les plans hardis du découvreur et fondateur du Nord-Ouest. Qu’étaient donc les deux hommes, enfants du travail, qui avaient préparé de la sorte les voies de l’avenir ? De simples patriotes aux vues larges, aux idées claires, joignant à ces dons du ciel les ressources d’une énergie surhumaine. Tous deux rendirent compte au Créateur d’une carrière fructueuse dont les étapes avaient été marquées par la résistance de ministres aveugles appuyant de petits intérêts, coalisés sous l’inspiration de l’égoïsme et de l’indifférence.

Oui, tant que le Canada remontera vers ses origines, deux noms, deux grands exemples se réuniront pour lui rappeler que, à un moment suprême, il s’est trouvé des hommes doués de la faculté étrange de prévoir l’avenir et de lui préparer le terrain.

Benjamin Sulte.

  1. C’est des Trois-Rivières que sont partis la plupart des premiers habitants du Nord-Ouest.