Transformer la nuit en jour, c’est-à-dire, pouvoir vaquer à toutes ses occupations de la même manière, après le coucher du soleil, qu’après son lever ; — ne point souffrir de la chaleur insupportable de nos journées d’été, puisque l’on pourra aussi changer à volonté les heures de travail ; ne plus craindre les ténèbres et ce qu’elles recèlent de périls toujours menaçants, le voleur, l’assassin terribles comme l’abîme où l’obscurité nous fait tomber ; — être à l’abri des incendies, catastrophes effrayantes causées si souvent par notre système d’éclairage dangereux ; — lire sans fatigue, se promener sur la place publique à l’heure la plus avancée de la nuit sans que le passant insulte à la pudeur, sans que la jeune fille et les enfants aient à rougir de l’effronterie qui se pavane toujours à cette heure… quelle révolution dans les choses !… quel changement au point de vue social !…
Voilà les réflexions toute naturelles que fait naître l’application pratique de l’éclairage électrique.
Si l’on approfondit davantage la question, on est obligé de reconnaître que, au point de vue de l’économie politique et domestique, les résultats sont des plus heureux. Ainsi plus de cette perte considérable que nous faisons subir au charbon pour formation du gaz d’éclairage, déperdition qui devra finir par être excessivement coûteuse, le meilleur charbon ne donne en effet qu’un pourcentage de six de sa valeur en lumière ; tout le reste se trouve perdu en chaleur, tandis qu’avec l’électricité 63 par cent sont convertis en lumière.
C’est l’histoire de la force motrice dont je parlais dans ma dernière causerie ; il faut chercher les moyens de dépenser le moins et le moins promptement possible de ce combustible précieux dont l’utilité est si générale. Le regard de la science, comme cet œil perçant du cyclope, est fixé constamment sur les horizons les plus reculés de l’avenir, et il cherche l’économie dans l’intérêt de ses enfants des siècles futurs.
La corporation de notre capitale décidant d’accepter le système d’éclairage Spaulding, nous prouvera et prouvera au monde entier que les quelques arpents de neige d’autrefois ont bien changé, et qu’ils sont aujourd’hui un foyer lumineux donnant des leçons à l’univers ; car ce sera la première