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Catholique en théorie et libéral en pratique.



De toutes les erreurs du temps la plus funeste, à notre sens, est celle du Libéralisme.

C’est aussi de beaucoup la plus difficile à saisir ; et l’on est encore à en chercher, après de longues années d’étude, une définition véritablement adéquate.

Que faut-il, en effet, entendre par ce leurre du libéralisme ? Est-ce l’antique serpent de l’Eden, ou le Protée changeant de la Fable ? Est-ce la sirène perfide des Anciens, ou le génie redoutable du Méphistophéles de Goëthe, que cette mystérieuse puissance qui règne sur le monde moderne et semble avoir ensorcelé les plus beaux peuples de l’Europe ?

Le Libéralisme est tout cela ; mais tout cela tellement réuni, tellement fondu et confondu que son plus grand trait de caractère consiste à n’en avoir aucun ; et voilà pourquoi l’on hésite à se fixer sur le mot auquel il faudrait s’arrêter pour le mieux distinguer de tout le reste.

Si la liberté véritable est un droit qui se peut définir, il est plus facile de dire ce que le libéralisme n’est pas, que de bien faire comprendre ce qu’il est. La difficulté vient ici de ce que nous le voyons changer sans cesse, varier ses formes à l’infini et multiplier ses couleurs ; se faire, dans un sens, tout à tous ; tantôt prendre le ton de l’impiété la plus forcenée, et tantôt adoucir sa voix jusqu’aux maximes évangéliques.

Tout ici, absolument tout, dépend des circonstances, c’est-à-dire du milieu dans lequel le principe libéral est appelé à faire son œuvre. Nous constatons qu’en effet autant le libéralisme se montre violent, audacieux, implacable quand il est bien sûr du succès, autant il sait se faire pliant, hypocrite et servile lorsque la force lui fait défaut. Il renoncera, dans ce dernier cas, à ses maximes les plus chères ; il répudiera