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REVUE CANADIENNE

la dynastie des Romanoff ne s’est montré aussi disposé à opérer les réformes utiles. Sous sa direction éclairée, la Russie s’est grandement développée, l’instruction s’est répandue et la prospérité a pénétré dans toutes les classes de la population. L’affranchissement des serfs suffirait seul pour rendre son règne remarquable. Persécuteur de la catholique Pologne, comme tous ses prédécesseurs, il se montrait, sur les derniers temps, disposé à accorder à l’Église catholique des droits qu’elle a vainement réclamés depuis longtemps.

Il ne faut voir dans le meurtre de ce souverain rien autre chose que l’œuvre de la révolution. Les autres souverains l’ont compris ; et de Berlin arrive la nouvelle que les gouvernements vont chercher ensemble quel serait le meilleur moyen d’empêcher la funeste contagion des doctrines subversives, Si c’est un moyen matériel, un moyen de coercition, de répression que l’on a en vue, il sera inutile : l’histoire du siècle est là pour le prouver. Le mal est dans les intelligences, qu’une fausse éducation a sophistiquées ; et les gouvernements, en faisant la guerre à l’Église et à ses communautés enseignantes, ont formé eux-mêmes cette génération devant laquelle ils tremblent. La leçon est terrible.



Une population de quarante mille âmes, les Boers du Transvaal dans le sud de l’Afrique, ont fait subir à l’Angleterre une suite de défaites étonnantes. Annexés à la colonie du Cap en 1877, sans qu’ils l’aient demandé, les Boers ont toujours supporté avec peine la présence des autorités anglaises et regretté leur indépendance. Ordre leur ayant été donné de remettre leurs armes, ils s’insurgèrent, chassèrent les forces britanniques et se constituèrent en république. Ils n’ont eu que des succès. Le général Colley, deux fois battu, ayant voulu, le 26 février, s’avancer sur le territoire révolté, fut entouré, défait et tué. Il ne resta que de faibles débris du corps de troupes qui l’accompagnait. Cette sanglante défaite causa de l’émotion en Angleterre ; le général Roberts, vainqueur d’Ayoob Khan dans l’Afghanistan, fut envoyé avec des renforts. Pendant ce temps, les