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si tard et les mit si nus dans une chaloupe qu’ils y pensèrent geler de froid ; on les prenait pour des spectres vivants qui venaient, tout squelettes qu’ils étaient, affronter les rigueurs de l’hiver. C’était une chose assez surprenante de les voir venir en cet équipage en ce temps-là, d’autant plus qu’il était le 10 décembre ; cela fit douter longtemps que ce fussent des hommes et on ne s’en put convaincre que lorsqu’on les vit de fort près ; au reste, ces hommes étaient les plus malingres si nous regardons leur constitution ; même deux de ces dix étaient encore enfants, lesquels, à la vérité, sont depuis devenus de fort bons habitants dont l’un s’appelle St Ange[1] et l’autre se nommait La Chapelle[2]. Ces pauvres soldats ne furent pas plutôt ici qu’on tâcha de les réchauffer le mieux qu’on put en leur faisant bonne chère et en leur donnant de bons habits, et ensuite on s’en servit comme des gens à repousser les Iroquois que nous avions tous les jours sur les bras[3]. »

1652, 10 mai. Le R. P. Buteux avec son compagnon de voyage, Pierre Legros dit Fontarabie, soldat, sont tués près des chûtes de Shawinigan.[4] Le 21 mai, aux Trois-Rivières, Pierre Couc dit Lafleur de Cognac, soldat, est blessé par les Iroquois.[5] Le 5 juin, même lieu, De Beaumont, soldat, s’égare dans les bois et y demeure trois jours. Cet homme était aux Trois-Rivières dès le mois de décembre précédent.[6] Le 7 juillet, même lieu, le major Lambert Closse de la garnison de Montréal[7] et M. des Mazures, officier du camp volant, sont présents à un contrat de mariage.[8] Le 5 août, même endroit, « Guillaume Guillemot, Escuyer, sieur Duplessis Kerbodot, capitaine du camp volant, gouverneur du fort et habitation des Trois-Rivières,

  1. Greffe d’Ameau.
  2. André Charly dit Saint-Ange.
  3. Honoré Langlois dit La Chapelle.
  4. Histoire de Montréal, 82.
  5. Journal des Jésuites, 167.
  6. Journal des Jésuites, 169.
  7. Registre paroisse Trois-Rivières.
  8. M. de Maisonneuve étant parti pour la France, l’automne de 1651, M. des Musseaux, déjà cité, avait le commandement en chef de Montréal. Histoire du Montréal, 81, 83, 86.