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ne fut guère qu’une question d’affiliation. Les loges françaises, à la faveur des désordres de la régence et de l’affaiblissement de la foi, avaient pris un grand développement. Nombreuses et actives, elles étaient concentrées sous la grand’maîtrise de ce triste personnage, le duc d’Orléans, qui fut plus tard Philippe-Égalité.

Voltaire, d’Alembert, Diderot et les autres philosophes faisaient partie de ces loges. Ils les avaient dirigées dans la guerre qui venait d’être déclarée à l’enseignement chrétien et qui avait eu pour premier résultat l’abolition de la Compagnie de Jésus. Les disciples des philosophes, tous les impies et les incrédules affluaient dans les loges ; on y voyait, aussi, malheureusement, ce qu’on a vu depuis et qu’on voit encore aujourd’hui : un grand nombre d’honnêtes gens qui séduits par de pompeuses déclamations et des déclarations philantropiques, et initiés seulement aux premiers grades, servaient d’instruments aux vues plus avancées des chefs.

« L’illuminisme de Weishaupt, dit le Père Deschamps, venait régulariser tout ce travail d’impiété et de révolte sanglante, qui faisait le fond de tous les mystères, et y mettre le dernier sceau. Les députés allemands furent donc accueillis avec empressement par le comité des amis réunis faisant fonction de Grand-Orient. L’alliance la plus étroite fut conclue et un convent général des maçons de France et de l’étranger fut convoqué pour le 15 février 1785… C’est dans ce congrès que fut résolue la révolution française et sa propagation dans toute l’Europe. »

Ce sont les sectaires eux-mêmes qui ont ensuite révélé ces complots. Un franc-maçon anglais, John Robison, publiait en 1797 un livre intitulé : Preuves des conspirations contre toutes les religions et tous les gouvernements de l’Europe ourdies dans les assemblées secrètes des illuminés et des francs-maçons. Il y dévoilait les véritables tendances des sectes, dont le but unique, dit-il, est de détruire jusque dans leur fondement tous les établissements religieux, de renverser tous les gouvernements, et de faire du monde entier une scène de pillage et de meurtre. « J’ai remarqué, dit-il encore, que les personnages qui ont le plus de part à la révolution étaient membres de cette association ; que leurs