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l’égalité et la liberté, que la propriété et les gouvernements ont détruites. Or, la propriété repose sur les lois religieuses et civiles. Donc, pour rétablir l’homme dans ses droits primitifs d’égalité, de liberté, il faut commencer par détruire toute religion, toute société civile et finir par l’abolition de toute propriété. »

Mais écoutons Weishaupt lui-même nous exposer les principes sur lesquels il base son système religieux, moral et politique : Voici les paroles qu’il adresse à celui qui veut se faire initier aux plus hauts grades de la secte :

« Souvenez-vous que dès les premières invitations que nous vous avons faites pour vous attirer parmi nous, nous avons commencé par vous dire que dans les projets de notre ordre, il n’entrait aucune intention contre la Religion. Souvenez-vous que cette assurance vous a été donnée de nouveau quand vous fûtes admis au rang de nos novices ; qu’elle vous fut encore répétée lors de votre entrée à notre Académie minervale. Souvenez-vous aussi combien dans ces premiers grades nous vous avons parlé de morale et de vertu ; mais combien les études que nous vous prescrivions et les leçons que nous vous donnions, rendaient et la vertu et la morale indépendantes de toute religion ; combien, en vous faisant l’éloge de la religion, nous avons su vous prévenir qu’elle n’était rien moins que les mystères et ce culte dégénéré entre les mains des prêtres. Souvenez-vous avec quel art, avec quel respect simulé nous vous avons parlé du Christ et de son Évangile, dans vos grades d'illuminé majeur, de chevalier écossais et d’Epopte ; comment nous avons su, de cet Évangile, faire celui de notre raison ; et de la morale, celle de la nature ; et de la Religion, de la raison, de la morale, de la nature, faire la religion, la morale des droits de l’homme, de l’égalité, de la liberté. Souvenez-vous qu’en vous insinuant toutes les diverses parties de notre système, nous les avons fait éclore de vous-mêmes comme vos propres opinions. Nous vous avons mis sur la voie ; vous avez répondu à nos questions bien plus que nous aux vôtres. Quand nous vous demandions, par exemple, si les religions des peuples remplissaient le but pour lequel les hommes les ont adoptées ; si la Religion pure et simple du Christ était celle que professent aujourd’hui les différentes sectes, nous savions assez à quoi nous en tenir, mais il fallait savoir à quel point nous avions réussi à faire germer en vous nos sentiments. Nous avons eu bien des préjugés à vaincre chez vous, avant de vous persuader que cette prétendue religion du Christ n’était que l’ouvrage des prêtres, et de l’imposture et de la tyrannie. S’il en est ainsi de cet Évangile, tant proclamé, tant admiré, que devons-nous penser de toutes les autres religions ? Apprenez donc qu’elles ont toutes les mêmes fictions pour origine ; qu’elles sont également toutes fondées sur le mensonge, l’erreur, la chimère et l’imposture. Voilà notre secret.

« Les tours et les détours qu’il a fallu prendre, les promesses