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maçonnerie s’est trouvée ainsi organisée dans les pays qui allaient se séparer de l’Église pour embrasser le protestantisme : en Allemagne, en Angleterre, en Écosse. Elle se développe à la faveur des troubles du protestantisme, et nous la voyons servir d’instrument à Cromwell. Mais ce n’est qu’au 18e siècle que la propagation de la franc-maçonnerie s’organise d’une façon active, et c’est à cette époque, dit le P. Deschamps, qu’elle commence à jouer un rôle décisif dans la marche des grands événements de l’histoire moderne.

Or, ce rôle se définit d’un seul mot : la franc-maçonnerie prépara et organisa la révolution.

II

WEISHAUPT ET L’ILLUMINISME.

Nous avons vu que les loges maçonniques professaient déjà et se transmettaient des doctrines anti-chrétiennes et anti-sociales, et qu’elles entretenaient leurs adeptes dans la haine de l’Église et de la royauté. Mais ces doctrines n’avaient pas encore été fixées et promulguées d’une manière définitive ; les loges en étaient encore à travailler isolément et comme au hasard lorsque parut le bavarois Jean Weishaupt. Cet homme, « l’un des plus profonds conspirateurs qui aient jamais existé » avait formé le dessein de changer la face du monde. Plus de religion, plus de société, plus de propriété, tel était son programme. Pour le réaliser il fonda la secte des Illuminés, et il voulut lui donner un code définissant et établissant les principes et les lois qui devraient diriger les membres de cette association, et assurer le succès de leur complot.

S’inspirant des doctrines gnostiques et manichéennes, ainsi que de la philosophie panthéiste de Spinosa, Weishaupt, dit Mgr Fava, « établit son système sur la négation absolue d’un Dieu créateur, rémunérateur et vengeur. Il n’y a pas d’autre Dieu que la nature, de qui est venu l’homme. (Comment ? Il ne le dit pas.) Quoiqu’il en soit il a reçu d’elle