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demandait si les évènements avaient réalisé les prévisions du ministre des finances, et si le nouveau tarif avait opéré aussi bien sous le rapport du revenu que sous le rapport de la protection à nos industries. Le succès a dépassé l’attente. Au lieu du déficit prévu de cinq cent mille dollars, nous aurions un surplus si deux items considérables de dépenses imprévues n’y avaient mis obstacle. Le chiffre du déficit n’est que de deux cent quarante trois mille dollars, et pour l’année courante, sir L. Tilley nous prédit un surplus de deux millions.

La discussion s’est engagée sur le compte-rendu financier et elle dure encore. Les deux systèmes économiques, la protection et le libre-échange, sont de nouveau mis en présence. Ce n’est pas sans quelque surprise qu’on a vu M. Blake adopter les idées et les principes de son prédécesseur. On croyait généralement que le nouveau chef apporterait sur cette question quelques modifications au programme de son parti.

Le succès indéniable du nouveau tarif — que ce succès provienne du tarif même ou des circonstances — rend l’opposition difficile. Le peuple ne souffre pas du surplus d’impôts qui tombe dans la caisse publique ; ce fardeau lui paraît léger dans un temps de prospérité. L’opinion publique est évidemment favorable à la politique douanière actuelle. Or, ce n’est pas l’habitude des libéraux de remonter un courant aussi accentué ; leur tactique est généralement d’en augmenter la vitesse et même de le précéder. Sur la question, du chemin du Pacifique, M. Blake touchait une corde sensible, et il eût pu, avec du temps, en tirer parti ; la prompte action de ses adversaires lui a enlevé ces avantages, et il retombe dans le cercle des idées qui ont causé la défaite de ses amis.

On s’attend à une réunion prochaine de la législature de Québec, et ce sera probablement sa dernière réunion avant les élections générales, bien que le mandat des députés n’expire qu’au mois de mai 1882. Le Crédit foncier franco-canadien, incorporé à Québec, s’est trouvé, à Ottawa, en