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Et il ne faut pas se restreindre aux mesures législatives. Les fausses théories qui infestent les intelligences dans le vieux monde ont leur influence parmi nous. Nous ressentons dans l’ordre intellectuel comme dans l’ordre matériel le contre-coup de toutes les grandes commotions européennes, et les échos des luttes sociales et religieuses qui s’y livrent parviennent distinctement à nos oreilles. Les erreurs sont partout les mêmes ; ce qu’elles font ailleurs, elles le feront en Amérique. Il importe de se prémunir, de se préparer. Convaincus que l’ordre n’a d’autres bases que les principes sociaux tels que les entend l’Eglise, nous devons veiller à ce que ces principes demeurent intacts dans l’esprit de notre population. Nous devons, devant tout fait nouveau, tout courant d’idées, les proclamer et les faire bien connaître. Notre vaillant clergé est là ; joignons à sa grande influence les moyens que nos institutions constitutionnelles mettent plus spécialement à notre portée. Notre nationalité — l’histoire en fait foi — a un caractère spécial ; travaillons à le lui conserver. Contre l’invasion universelle des doctrines funestes, il faut protéger notre peuple. C’est un devoir d’écrire et un devoir pour ceux qui comprennent d’encourager les écrivains se vouant à cette œuvre. La partie saine de notre population le comprend, et nous avons lieu de croire que le clergé attend avec hâte qu’une revue accepte une telle mission.

Nous allons donc, encore plus spécialement que par le passé, suivre pas à pas et même précéder, si c’est possible, le mouvement des idées parmi nous. Nous tâcherons de bien saisir le point menacé, de le déterminer avec précision, et nous appellerons alors à notre secours les hommes de science et d’expérience habitués à manier la plume.

Nous ferons la même chose pour les questions comportant de grands intérêts matériels, tout en restant étrangers aux querelles de parti.

III

Nous comptons sur la collaboration de tous ceux qui peuvent alimenter une revue, et nous avons déjà reçu promesse de concours de la part de plusieurs de nos principaux litté-