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Mme Gueuxarcher, au nom de laquelle avait été expédié l’oiseau, elle se trouvait en ce moment à l’étranger pour affaires de famille et ne devait arriver que le surlendemain. Étrangère elle-même et parlant l’anglais, elle fréquentait quelques dames de cette nation, et ce devait être une plaisanterie de quelqu’une de ses amies, ou au moins de ses connaissances. Mais, à son retour, elle ne put fournit aucune explication. Aucune des Anglaises de sa connaissance ne possédait de perroquet, et, faute de toute espèce de renseignements sur miss Cocotte, Gueuxarcher, qui était homme d’imagination, finit par lui composer-le roman que voici : « Cette miss républicaine, panachée de gris et de rouge, avait dû appartenir à une vieille miss fanatique du jeune tribun (il n’était pas encore pas à l’état de jeune dictateur). La vieille était morte et miss Cocotte avait passé par héritage à sa nièce, qui n’aimait ni les perroquets ni les tribuns, ou, pour parler plus exactement, les perroquets, car, si tous les perroquets ne sont pas des tribuns, a-t-on jamais vu des tribuns qui ne fussent pas des perroquets ? Miss Cocotte avait donc été condamnée à mort par cette Anglaise réactionnaire ; mais, trop sensible pour exécuter la sentence, elle l’avait envoyée à un ennemi de l’ordre établi dont elle avait dû entendre parler par quelque connaissance de Mme Gueuxarcher. Si l’oiseau n’était pas exécuté, au moins serait-elle débarrassée de lui et de ses cris trop avancés pour une loyale Anglaise. »

En tout cas, le premier de ses souhaits devait seul s’accomplir. Bien que le plus bel ornement de son cabinet fût le magnifique portrait du comte de Chambord par Gaillard, l’oreille du journaliste était absolument indifférente à toute espèce de cris. D’ailleurs, il avait l’habitude d’être contrecarré par sa femme, qui était toujours d’une opinion autre que la sienne, même en politique ; elle n’y comprenait absolument rien, mais peu lui importait, pourvu qu’elle ne fût pas de l’avis de son mari, et, dès qu’elle vit miss Cocotte, elle s’en trouva férue ; pardon ! dans le siècle de M. Gambetta, on dit toquée.

Le bon Gueuxarcher ne voulait pas la mort de cet oiseau, pas plus que tout autre plumitif républicain appartenant à