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L’occasion manquait à son désir de vous saluer comme les réalisateurs de nos dogmes, encore discutés parmi nous, et comme les hardis et sublimes inventeurs du Go a head[1].


LES HISPANO-AMÉRICAINS

S. DE HEBEDIA

Il en est un peu des Parisiens comme des coquettes qui changent de favoris tous les quinze jours. Il y a une vingtaine d’années, FAnglais était le lion des boulevards. Les boutiquiers l’avaient en vénémtion, et les hôteliers enthousiastes l’appelaient Mylord, sans lui demander ses titres. On riait de ses cheveux roux, de son accent, de ses costumes : on lui donnait dans les vaudevilles des rôles extravagants, et dans les romans à la mode, des allures ridicules. Mais on s’inclinait devant ses bank-notes, et les bourgeois contaient sur lui des légendes dorées qui fusaient rêver les jeunes filles à marier.

Cette faveur dura longtemps. Mais des milliers de pick-pockets intelligents en abusèrent tellement que Paris finit par se fâcher, et un jour, dans un de ses Accès d’esprit et de colère, il lança à John Bull ce mot de la langue verte qui est resté : « Anglais de carton I » A partir de ce jour, John Bull fut tué dans l’opinion publique. Aussi bien, les chemins de fer avaient trop rapproché les distances. Il faut, aux choses et aux hommes qui veulent garder leur prestige, un peu de mystère et des horizons lointains.

Les yeux éblouis se tournèrent alors vers ces Russes aux grosses moustaches, aux grands airs de seigneurs féodaux, qu’on voyait de temps à autre descendre, enveloppés de fourrures fastueuses, dans les hôtels les plus somptueux. C’est de la guerre de Crimée que date vraiment l’invasion russe à Paris. Aujourd’hui les boyards pullulent au Bois et sur les boulevards. Ils jettent les roubles par les fenêtres, se font bâtir des palais, y donnent des

  1. En avant !