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culte avec des sectaires égarés. Aussi viennent-ils de faire bâtir, dans la rue Bayard, sous le titre d’Église protestante épiscopale, une chapelle non pas, ils rejettent le mot, — nous devons dire une église, bien qu’elle n’en soit pas plus grande pour cela. Malgré cette scission, le pacte conclu au sujet de la chapelle américaine continue d’y être observé. Nombre d’épiscopaux d’ailleurs y restent, par convenance de quartier. Les motifs d’ordre purement divin sont rares sur cette pauvre terre !

Nous aurons dit à peu près tout ce qui concerne les habitudes des Américains à Paris quand nous aurons parlé de leurs lectures. À cet égard, ils suivent naturellement, et sans choix approfondi, la mode littéraire, l’engouement du jour. Les hommes lisent, avant tout et surtout, les journaux, soit chez leurs banquiers, soit dans les salles de lecture du Grand-Hôtel, ou de l’hôtel du Louvre, qui offrent à tout venant, sans rétribution, la plupart des journaux anglais et américains, soit chez Galignani. Ils y joignent la lecture habituelle d’un journal français démocratique, et c’est l’Opinion nationale qui, généralement, a leurs préférences. Enfin il est fortement question, dans la colonie, de fonder à Paris un journal américain.

— Et maintenant, ô citoyens de l’Union, veuillez pardonner à un chroniqueur ami si, effleurant à peine, dans ces quelques pages, mate sujet de vos mœurs et de votre esprit national, il n’a pas y uniquement sur l’éloge. Il n’ignore pas quelle sourde impatience vous causent de curieuses investigations et quelles épithètes vous décernez à d’impertinents voyageurs, coupables de n’avoir pas trouvé tout au mieux dans le meilleur des nouveaux mondes possible. Il sait avec quelle noble modestie vous acceptez les dithyrambes de vos enthousiastes et avouer votre supériorité en tous genres sur cette pauvre Europe ; mais songez que, dans le cadre étroit qui lui était imposé ici, il ne lui était permis de vous peindre qu’en petit, et, par ce côté, où, trop humblement, vous vous efforcez de ressembler à tout le monde.

Votre hospitalité, votre générosité, votre audace, vos créations, vos travaux immenses, vos institutions, votre liberté sont restés b, dans votre patrie, et malheureusement il n’est pas en son pouvoir de leur faire franchir l’Océan. Ce que vous apportez surtout à Paris, ce sont les prétentions de votre enfantine aristocratie, et bien qu’il ait rencontré parmi vous de ces cœurs chauds et de ces esprits élevés qui font estimer toutes les patries, il ne pouvait retrouver chez vos oisifs la séve puissante qui bout dans les veines de votre peuple. Il ne pouvait montrer les fruits admirables de cette liberté, ici paralysée par tant de défiances, qui là-bas, dans sa libre allure, sème tant de prospérités et de bienfaits.