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Il y a sept ou huit ans que la colonie américaine a fondé à Paris son culte par l’érection d’une chapelle, rue de Berri. Auparavant, on se réunissait rue de la Paix, dans l’ancien local des conférences. Les fonds nécessaires à la construction de cette chapelle ont été fournis par des dons et souscriptions, car les Américains, on le sait, sont assez fervents pour payer leur culte et ne demandent rien à l’État. On assure même, à ce propos, que les craintes des catholiques français relativement à une séparation de l’Église et de L’état les étonnent d’une manière pénible. — « Hé quoi ! disent-ils, ces gens-là, qui nous accusent volontiers de trop poursuivre les biens matériels, seraient capables de laisser jeûner leurs prêtres et périr leur foi, plutôt que de mettre la main à leur poche ! » Et là-dessus ils secouent la tête, d’un air scandalisé, en émettant de grands doutes sûr l’avenir de la catholicité, ce qui se conçoit de la part de protestants, et surtout de protestants assez convaincus pour porter à des milliers de francs leurs cotisations.

La chapelle américaine présente une nef assez large, soutenue par des colonnes de marbre rouge et au fond de laquelle est la chaire. Toute cette nef et les bas-côtés sont garnis de bancs, dont la location est la principale source du revenu qui solde le traitement du ministre et les frais du culte. On lit sur les bancs, en anglais, ce petit avis : Cette église est soutenue par la location des bancs, les quêtes, et les dons des résidents et des étrangers. » Un orgue et les chants de voix jeunes et pures alternent avec les prières dites par le ministre.

Celui-ci, homme distingué d’esprit et de caractère, le doctor Eldridge, appartient à l’Église presbytérienne, et cependant la liturgie à laquelle il se soumet est celle du culte anglican. Voici la raison de ce fait singulier, si peu conforme aux mœurs théologiques généralement pratiqués :

Il va sans dire que, citoyens d’un pays où les sectes florissent et se multiplient, drues comme les herbes des champs, les Américains résidant à Paris appartenaient à des communions différentes. On ne pouvait cependant songer à construire, dans la capitale française, les quelque mille églises ou chapelles de New-York.

Un seul moyen existait, s’unir. Mais l’union entre dissidents exige des concessions mutuelles. Or, devant cette entreprise de réunir dans une même chapelle des cultes divers et de soumettre à la nécessité le génie de la controverse, quel audacieux de notre ancien monde n’eût reculé ! Ces Américains ne doutent de rien. Ils essayèrent, et, de plus, ils réussirent.

Il est vrai qu’en Amérique les sectes, à force de se coudoyer, vivent en assez bonne harmonie. Elles se partagent les familles et se prêtent réciproquement leurs chaires. Les méthodistes