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qu’on prend terre, qu’on s’oriente, qu’on s’informe, et que, suivant ses moyens ou ses projets, on s’y installe pour quelques mois, on passe à quelque autre hôtel, ou pension, ou bien on loue un appartement pour vivre chez soi. Pénétrez dans la cour, montez les escaliers du portique et prenez place dans la vaste et belle salle de lecture, en face du portail. De minute en minute, les voitures qui, sans cesse, arrivent et s’en vont, amèneront sous vos yeux dix Américains pour un insulaire. Du Grand-Hôtel, le touriste se porte facilement sur tous les points où l’appellent ses besoins et sa curiosité. La première visite est pour son banquier, soit rue de la Paix, chez Bowles et Drevett, soit rue Scribe, Tucker ou Monroe, soit chez Norton, rue Auber. Depuis la guerre, la maison Rothschild se demande naïvement ce qu’est devenue son excellente clientèle américaine. Elle est ailleurs, monsieur de Rothschild ! Les sympathies naturelles entre banquiers et planteurs s’étaient chez vous trop accusées pour que le Nord ne vous gardât pas rancune. Et quant à vos clients du Sud, ainsi que leurs fortunes, ils se sont évanouis. C’est le Nord, en tout temps d’ailleurs plus actif et plus voyageur, qui afflue surtout à Paris, il ne fait pas toujours bon écouter les inspirations de son cœur, monsieur de Rothschild, et les banquiers, en ce siècle, doivent se méfier de leurs sentiments.

Le cabinet du banquier américain est, à beaucoup d’égards, un bureau de renseignements où chacun va s’informer et porter son mot. On y trouve, d’ailleurs, les journaux de la patrie, et enfin ce renseignement, le premier, le plus universellement réclamé, surtout autrefois, le taux de l’or ! Aujourd’hui, on vous donne 100 pour 135 ; la perte est peu forte mais, au temps de la guerre, qui voulait dépenser mille francs à Paris devait recevoir de New-York, en papier, tout près de trois mille francs. Forcément, on se restreignait. Maintenant souffle une brise plus heureuse, sous laquelle s’enflent les lés de satin et les cachemires et refleurissent les gracieuses créations des Laure, des Ode et des Leroy. Les joailliers de la rue de la Paix reçoivent de nouvelles visites ; on rêve et l’on peut exécuter des toilettes splendides ; les soirées se multiplient, et la vie mondaine reprend toute son ardeur.

Aussitôt son arrivée à Paris, la partie féminine, qui domine par le nombre aussi bien que par l’influence dans les conseils américains, se répand chez les fournisseurs en renom. On a hâte de se procurer, à prix relativement réduit, ces modes parisiennes que le custom-house (la douane), là-bas, élève à des prix exorbitants. On court chez Lucy Hoquet, chez Alexandrine ; on va commander ses robes chez Vignon, chez Wolff, chez madame Roger ; on visite les magasins de nouveautés. Vêtues enfin des modes les plus