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pèrent de ses yeux ; mais elle les essuya promptement.

« Je dois me soumettre, se dit-elle ; je vais trouver des étrangers qui attendent de moi du zèle, de la liberté d’esprit ; en échange, ils me donneront de quoi vivre.

» De quoi vivre !… Vivre, mon Dieu est-il donc si nécessaire de vivre quand on n’a personne à qui votre existence soit nécessaire ? »

Ces tristes réflexions occupaient assez profondément Amélie, pour qu’elle fût long-temps à s’apercevoir que la voiture avait quitté Londres. Quand elle le remarqua, elle fut au moment d’en demander la raison ; mais elle pensa de suite qu’elle se rendait dans un pensionnat, et que ces établissemens sont ordinairement placés hors des villes. Dans le moment, la voiture quitta la grande route, prit une longue allée au bout de laquelle on découvrait une élégante maison qui, durant la belle saison, devait être cachée par le feuillage et les fleurs.

La grille était ouverte ; la voiture entra dans une cour sablée, et Wild, ayant ouvert la portière, aida miss Delmar à descendre, la précéda dans la maison et lui ouvrit un charmant salon où brillait un excellent feu.

Rien dans cette pièce n’annonçait l’établissement où miss Delmar croyait se rendre. Les gravures étaient, sinon licencieuses, du moins plus voluptueuses qu’elles