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mère, je ne serai jamais qu’à vous si vous m’aimez. »

Amélie ne répondit rien, et peut-être fut-il heureux pour elle que la nuit empêchât Lionel de remarquer sa rougeur.

« Éloignez-vous, je vous en conjure, balbutia-t-elle d’une voix émue ; si l’on vous surprenait…

— Je vous suivrai de loin pour veiller sur vous, chère Amélie ; mais avant de me quitter, ne me direz-vous pas un mot qui me rende le courage, qui me donne quelque espoir ; dites que vous croyez à ma sincérité, à mon amour ?

— Je crois que vous êtes bon et généreux, Lionel ; mais respectez mon abandon, respectez mon malheur : séparons-nous sans que j’emporte un remords, et laissez-moi faire une dernière prière sur la tombe de ma mère. »

Lionel fit quelques pas pour s’éloigner ; mais il revint, saisit la main d’Amélie, qu’elle ne retira pas ; et quand ils se quittèrent, ni l’un ni l’autre ne doutaient de leur mutuel attachement.

Amélie rentra au château sans avoir rencontré personne ; la femme de charge l’engagea à se coucher, car on devait partir au lever du jour ; mais elle ne se sentait aucun penchant à suivre ce conseil : une agitation remplie de charmes l’empêchait de désirer le repos. Ses malheurs, son abandon ne l’occupaient plus seuls,