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« Eh ! de quoi vous désolez-vous donc, petite sotte ? s’écria miss Anabelle avec aigreur ; croyez-vous que Lionel sera assez fou pour irriter mon père ? ses lubies romanesques cèderont bientôt devant la crainte de perdre un titre et cinquante mille livres sterling de revenu. Je ne crains vraiment pas qu’il fasse cette folie.

— Ces craintes fraternelles cèderaient peut-être à l’espoir de voir un autre s’enrichir de mes dépouilles, prononça Lionel avec un peu de violence. Anabelle, à l’avenir, faites-moi grâce de votre opinion sur moi. Je ne sacrifierai rien à l’intérêt, mais beaucoup à la crainte d’affliger mon père, s’il veut me témoigner autre chose qu’une sévérité qui me blesse plus qu’elle ne m’effraie.

— À merveille, Lionel, faites vos conditions, vous verrez comment elles seront écoutées. Mais peut-être, moi, ai-je découvert ce qui vous a si vite changé.

— Grâce, ma sœur ! veuillez, je vous prie, ne plus vous occuper de moi, dit Lionel en rougissant.

— Je dirai donc à mon père, poursuivit l’impitoyable Anabelle, que vous êtes amoureux de la belle Française, de la charmante, de l’incomparable Amélie, et, en vérité, je ne serais pas étonnée que vous eussiez un jour le sort de James Edgermond.

— Ayez au moins la pudeur de ne pas rappeler cette destinée, dit vivement Lionel, car ce n’est pas la plus belle page page qu’on pourrait écrire sur notre famille. »