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tendre et plus prévenant pour sa sœur. Lord Edgermond, lui, paraissait encore plus sévère, plus sérieux que de coutume, et le dîner de famille, ordinairement assez triste, le fut encore plus que de coutume. Aussitôt qu’on eut pris le thé, milord se retira chez lui ; lady Edgermond s’endormit au coin du feu ; les miss Anabelle et Lucy parlèrent des plaisirs qui les attendaient à Londres ; Amélie et Marie se mirent à un métier de tapisserie, et Lionel s’assit près d’elles.

La conversation fut d’abord assez embarrassée, mais peu à peu la confiance s’établit. Ils causèrent de la France, de ses poètes, de ses artistes en renom. Sans s’en apercevoir, Amélie était sortie de l’état d’abattement qui l’accablait depuis la mort de sa mère ; doucement encouragée par les regards de Lionel et par l’attention que lui prêtait Marie, elle parla avec plaisir ; elle avait oublié son état de dépendance et ses chagrins : elle ne travaillait plus. Lionel ne quittait pas des yeux cette figure si expressive, si animée, et qui semblait s’embellir à chaque pensée élevée et généreuse. Ils étaient si occupés dans ce petit groupe, qu’ils n’avaient point remarqué que miss Anabelle s’était approchée, et ils ne s’aperçurent de sa présence qu’à un ricanement ironique et moqueur.

« Miss Delmar, s’écria-t-elle, au lieu de vous faire institutrice, pourquoi n’élèveriez-vous pas une chaire