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entendre au cœur de son oncle ; et que deux amours, mais deux amours bien différens, touchèrent les cœurs de sir Edgar et de Lionel. Miss Edgermond seule resta haute et dédaigneuse, continuant de jeter des regards de mépris sur celle en qui elle devinait déjà une rivale.

— Ma fille, dit enfin lord Edgermond, sir Edgar va vous reconduire au salon ; envoyez-moi Marie, et vous, Lionel, suivez votre sœur. »

Lionel obéit, mais ce ne fut pas sans regrets. Sir Edgar était vivement contrarié, mais il sut le cacher sous un air de galanterie envers miss Edgermond et d’indifférence pour Amélie ; aussi Anabelle ne tarda point à s’apaiser, à force de lui entendre répéter qu’il n’y avait aucune comparaison à faire entre la pâle figure d’Amélie et sa superbe cousine.

Edgar avait un puissant motif pour ménager Anabelle ; c’était un homme qui n’était peut-être pas né avec des vices bien prononcés, mais qui n’avait point appris à surmonter ses passions. Resté de bonne heure maître de lui-même ; fils d’un frère cadet du père de milord Edgermond ; né d’un vieillard, et le fruit d’un amour désordonné pour une jeune fille morte en lui donnant le jour, Edgard avait été gâté par son père, qui n’avait jamais rien su lui refuser ; aussi en peu d’années avait-il mangé une fortune considérable ; âgé déjà de trente ans, beau, élégant, et ce qu’on appelle