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bruit venait du côté de l’escalier, elle s’en approcha : sous la grande cage de ses massifs degrés, elle aperçut une très-faible lumière, et, s’étant doucement penchée, elle découvrit une petite niche fermée par une grille de fer ; sur le mur et au-dessus d’un petit autel était attaché un Christ en ivoire : au pied de cet autel, et prononçant des paroles incohérentes, elle vit le vieux Tom ; tantôt il baisait les pieds du Christ, tantôt il se frappait la poitrine avec désespoir, et, dans ses doigts anguleux et ridés, il passait un long chapelet qu’il arrosait de larmes.

« Dieu de miséricorde, pardonnez-moi ! disait-il ; Dieu de miséricorde, relevez-moi du serment que j’ai fait à vos pieds ! »

Puis il disait des mots qu’Amélie ne put bien entendre ; il lui sembla pourtant qu’il y mêlait le nom de son père et le sien ; alors le vieillard tomba presque anéanti au pied de l’autel, et sa figure devint pâle et livide. Amélie ressentait une profonde pitié et un grand désir de secourir Tom ; mais ce fut vainement qu’elle essaya d’ouvrir la grille ; elle resta même assez long-temps pour voir si le vieux Tom ne reviendrait pas à lui ; mais enfin, se sentant glacée et de plus en plus abattue, elle eut peur de se trouver mal elle-même, et se décida à retourner dans l’appartement qu’elle venait de quitter. C’était avec répugnance qu’elle prenait ce parti,