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qu’on lui avait apportée touchait presque à sa fin, et l’idée de passer la nuit dans cet appartement solitaire lui fit peur : elle se leva, sortit dans le corridor, et, se rappelant que Marie avait pris à droite pour la conduire chez lady Edgermond, elle se dirigea de l’autre côté, par une galerie sombre et obscure, qui lui parut d’une longueur interminable ; enfin, pourtant, elle toucha les larges marches d’un escalier : le vent soufflait par cette vaste ouverture, et cette partie du château paraissait inhabitée. Amélie s’arrêta et fut sur le point de retourner dans la chambre qu’elle venait de quitter ; mais la frayeur de la nuit qui l’attendait lui rendit un peu de résolution, elle descendit.

L’escalier donnait dans une pièce délabrée, qui paraissait déserte ; aucune issue qu’une immense porte vitrée, par laquelle on découvrait de grands arbres pliant sous un vent d’orage. Amélie avait posé son flambeau sur la dernière marche de l’escalier ; elle regardait au travers de la porte vitrée comme une pauvre prisonnière ; car, quelque triste que fût l’aspect de la campagne, elle eût préférée y être en liberté que d’errer dans le château de son oncle, où on l’oubliait si complètement. Dans ce moment, elle crut entendre comme un sourd murmure, comme une voix basse qui prononçait des paroles lentes et monotones. Elle regarda avec effroi autour d’elle, et, persuadée que ce