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figure du vieux serviteur : cette figure ridée, l’égarement de ses yeux, avaient quelque chose d’étrange et presque d’effrayant.

« Je vous apporte de la lumière, dit Tom en la regardant attentivement et posant un massif flambeau de cuivre sur une antique console dorée. Je vous demande pardon, miss, mais tout ce qui est beau et brillant est employé pour la fête de ce soir. Voilà pourtant quelques alimens que j’ai dérobés à l’office ; car on dîne en bas, mais sans penser à vous. »

Il y avait dans cette réflexion une profonde amertume qui n’était cependant pas dénuée de bonté pour elle. Amélie le remercia doucement, et pour lui témoigner sa reconnaissance de son attention, elle essaya de faire honneur à ce qu’il lui apportait ; mais elle ne put y réussir.

« Tâchez de vous résigner, ma chère demoiselle, dit Tom : je sais qu’il est bien triste d’être comme une étrangère dans la maison de sa famille, mais Dieu veille sur les orphelins.

— Je l’espère, répondit Amélie avec abattement ; cependant ne croyez pas que je sois sans courage ou que je connaisse l’envie ; mais mon isolement, cette chambre…

— Oui, c’était celle de votre père ; je l’ai vu bien des fois, à cette même table où vous êtes, manger aussi son dîner solitaire, car il avait de fréquentes scènes avec