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rence, et ses filles aînées une hauteur et un dédain qui l’avaient profondément affligée. Sans doute elle savait bien qu’elle devait travailler pour gagner sa vie ; mais était-il donc nécessaire de le lui rappeler si durement ? Marie seule, la bonne, la douce Marie, lui avait témoigné de l’amitié ; cependant elle avait été obligée de la quitter bien vite, et, demeurée seule dans cet immense appartement, que n’éclairait plus que la fin d’un jour triste et douteux, la pauvre Amélie se trouva si découragée qu’elle se mit à pleurer amèrement : c’étaient les premières larmes qu’elle répandit qui n’eussent pas seulement la mort de ses parens pour objet, et son cœur délicat ne fut pas long-temps à se le reprocher ; l’image de sa mère entièrement défigurée par la mort revint s’emparer d’Amélie, et un tremblement convulsif la saisit ; la presque obscurité où elle était demeurée, le froid de l’appartement, achevèrent de la glacer de terreur. Dans ce moment elle entendit marcher, et sans réfléchir qu’il était naturel qu’on vint la chercher, elle se glissa, remplie de frayeur, derrière les rideaux de velours vert qui pendaient d’un immense baldaquin. Amélie aperçut un vieillard, qu’à la description que Nolly lui en avait faite, elle soupçonna être Tom. Il tenait une lumière à la main qu’il dirigea autour de l’appartement pour voir s’il ne la découvrirait pas ; elle se montra alors, et regarda avec étonnement la