Amélie s’inclina et sortit avec Marie.
« Et où donc envoyez-vous cette belle fille ? s’écria Edgar en riant ; d’où sort-elle ? je ne l’avais jamais vue chez vous. Est-ce donc une demoiselle de compagnie ?
— Nullement, sir Edgar, nullement, répondit miss Anabelle avec humeur ; c’est une personne recommandée à mon père et qui ne doit rester que peu de temps ici. Mais pourquoi donc arrivez-vous précisément le jour du bal que lord Edgermond donne à nos voisins ? ne vous plaisez-vous ici que quand il y a du monde ?
— Vous ne pouvez le penser, répondit galamment sir Edgar ; mais les femmes de Londres sont si exigeantes : tous les jours c’était une partie, une fête nouvelle, et elles prétendaient qu’elles ne pouvaient se passer de moi.
— Et vous vous laissiez faire une douce violence ? dit Anabelle avec dépit.
— Ma foi, divine cousine, je ne vous cache pas que je suis très-faible quand une femme me prie. Cependant vous savez encore mieux que je suis disposé à vous tout sacrifier.
— Est-ce bien vrai ? dois-je vous croire ?
— Plus que jamais, dit sir Edgar avec distraction. Mais j’entends, je crois, la cloche du dîner, et voici ma petite cousine Marie qui revient seule ; est-ce que sa jeune amie ne l’accompagne pas ? »