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— Depuis que mon père a été banni de ce château, » balbutia Amélie.

Marie pressa doucement la main de sa cousine, et les deux jeunes filles se mirent en marche ; mais les jambes d’Amélie étaient si tremblantes qu’elles ne pouvaient la soutenir : elle devint même si pâle qu’elle fut forcée de s’arrêter. Cependant, Marie lui ayant dit tout bas qu’elle serait grondée si elles tardaient plus long-temps, elle surmonta son émotion et la suivit dans l’appartement.

Ces dames étaient habillées pour le dîner ; des plumes ponceau flottaient orgueilleusement sur le front de miss Edgermond, et cette éclatante parure rendait encore plus remarquable sa taille colossale. Elle regarda l’orpheline par-dessus son épaule. Miss Lucy, voulant l’imiter, chercha à donner à sa figure autant de dignité ; mais elle y réussit si mal, qu’involontairement ce fut d’elle qu’Amélie s’approcha. Les deux miss se jetèrent alors sur un divan. Placée dans une bergère, au coin du feu, lady Edgermond semblait fatiguée et rêveuse ; elle ne rendit qu’une légère inclination de tête au respectueux salut d’Amélie.

« Eh bien, miss Delmar, prononça enfin la fière Anabelle, vous venez donc vous fixer en Angleterre ? mon père nous a prévenues qu’il vous avait offert sa protection pour quelque temps ; mais lady Edgermond disait encore tout-à-l’heure qu’ayant trois filles à con-