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bout d’un instant, elle le reconnut à la description que son père lui en avait si souvent faite : c’était bien la tapisserie à grands personnages représentant le départ de Richard d’Angleterre pour la Terre-Sainte ; c’était bien la haute cheminée de marbre noir et les larges panneaux de chêne auxquels le temps avait donné la même couleur ; c’était bien le lit de velours vert où l’adolescent avait goûté un sommeil si tranquille, mais où plus tard le jeune homme avait rêvé l’indépendance et les plaisirs de la jeunesse. Émue au dernier point de ce sou venir, Amélie se rapprocha une seconde fois de la fenêtre et tomba dans une profonde rêverie ; elle en fut tirée par une voix timide qui prononça doucement son nom.

« Miss Delmar, miss Amélie, soyez la bienvenue dans ce château ; ma mère et mes sœurs sont réunies, elles désirent vous voir.

— Vous êtes miss Marie Edgermond, s’écria Amélie en levant ses yeux pleins de larmes, vous paraissez bonne : oh ! soyez mon soutien, mon appui, car je tremble.

— Faible soutien ! dit Marie en secouant tristement la tête. Mais surtout ne dites pas que vous êtes entrée dans cette chambre. C’est sans doute Bickman qui vous y a conduite. »

Amélie lui raconta comment elle y était venue.

« Eh bien ! n’en parlez pas, répéta Marie, car cet appartement a été abandonné depuis…