Page:Collectif - Le livre rose - 4.pdf/49

Cette page n’a pas encore été corrigée

Jeune encore, il avait trouvé une tombe sur une terre étrangère, il était mort au milieu de mille privations. Hélas ! en revoyant le lieu de la naissance de son père, Amélie croyait aussi le revoir, jeune et brillant comme la vieille Nolly le lui avait peint tant de fois. La voiture s’arrêta et la tira de cette douce illusion ; personne ne vint au-devant d’elle. Elle suivit Bickman dans un vestibule, d’où elle entendit parler à haute voix : c’était l’heure du déjeûner : elle trembla qu’on ne la fît entrer ; mais Bickman l’ayant engagée à monter l’escalier, ils quittèrent la partie du château qui paraissait la plus habitée et entrèrent dans une longue et sombre galerie.

« Restez un instant ici, » dit Bickman en ouvrant une porte ; et elle se trouva dans un vaste appartement qui paraissait assez délabré. « Je vais tâcher de trouver quelque domestique, continua l’intendant ; ils sont tous très-occupés aujourd’hui, car il y a ce soir grand bal au château. » Et il la laissa seule.

Le vent soufflait dans les corridors solitaires du château et s’engouffrait dans l’âtre de la cheminée, re froidi depuis bien des années. Amélie s’était assise auprès d’une fenêtre d’où l’on ne découvrait qu’une plaine aride et couverte de bruyères, et les flots de la mer, soulevés par le vent, écumaient sur la rive. Cette vue était bien triste ; elle en détourna ses regards pour les porter dans l’intérieur de l’appartement. Mais, au