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étonnant que je n’aime que vous, Lionel, et que je tremble pour votre avenir ? Quant au mien, Dieu y pourvoira.

— Qu’y a-t-il donc dans mon sort qui vous inquiète tant, bonne Marie ?

— C’est que, si vous n’y prenez garde, votre caractère fera votre malheur, Lionel ; c’est que vous avez des qualités que j’aime, que j’admire, mais qui déplaisent à mon père ; c’est qu’enfin on fait peu d’attention à moi, et qu’il semble que je sois un être de peu d’importance, qui ne comprend rien et de qui l’on ne doit pas se méfier : aussi mon père parle-t-il souvent en ma présence avec moins de retenue qu’il ne le fait devant mes sœurs, et plusieurs fois je l’ai entendu qui disait à ma mère : « Je suis très-mécontent de Lionel, milady : l’argent de sa pension, il le dépense avec des artistes, des poètes, des têtes brûlées. Loin de me faire des partisans pour arriver à la Chambre, il fréquente les clubs démocratiques ; il affiche, enfin, une indépendance qui m’effraie ; de plus, il feint de ne pas me comprendre quand je parle de son mariage avec miss Mackinson ; mais qu’il y prenne garde, s’il essayait de me résister, il s’en repentirait. »

— Et que peut-il me faire ? s’écria Lionel, je n’ai point de frère.

— Vous n’avez point de frère, il est vrai ; mais sir