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ceux qui se marient n’en savent pas plus long sur le compte de celles qu’ils épousent. D’ailleurs, pour mon père, l’essentiel est que votre femme soit riche. Mais, écoutez-moi, Lionel ; tout enfant que je sois, vous n’ignorez pas que je réfléchis, et que, n’ayant presque aucun des goûts de la jeunesse, je dois avoir la prudence d’un âge plus mûr. Je crains que vous ne vous prépariez de vifs chagrins, et que vous ne connaissiez pas encore bien la rigueur de lord Edgermond. Qui sait de quoi il sera capable si vous l’irritez ? à la moindre contrariété que vous lui faites ressentir, n’avez-vous pas remarqué quel éloge outré il fait d’Edgar, notre cousin, qui devrait hériter de mon père si vous n’existiez pas ? Ah ! mon frère, je n’avais pas besoin d’apprendre que notre pauvre oncle James eût été déshérité, et que mon père n’avait point plaidé sa cause, pour…

— Ma sœur, vous oubliez…

— Peut-être le respect, dit la jeune fille ; mais, Lionel, vous êtes le seul appui de la pauvre Marie : quand, toute petite, on me laissait à la maison, sans soins, sans caresses, vous seul veilliez sur moi ; le peu de plaisirs que j’ai connus, c’est à vous que je les ai dus ; les seules amitiés que j’ai reçues, ce sont les vôtres, Lionel. Ma mère me parle à peine ; mes sœurs, elles sont souvent bien dures, surtout Anabelle ; mon père, jamais, je crois, ses lèvres n’ont touché mon front ; est-il donc