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range d’une voix sèche et étranglée, mon fils ! vais-je donc mourir sans te revoir !

— Pourquoi son fils n’est-il pas là ? dit le jeune homme d’un accent presque sévère.

— Mon fils ! mon Henri ! répéta la voix de la mourante, pardonne-moi ; et toi Charles, mon époux, ne me repousse pas, et que la mort rejoigne au moins ce qui fut désuni sur la terre.

— Mon Dieu ! serait-ce donc ma mère ? s’écria le docteur en écartant vivement les rideaux. Est-ce elle que je retrouve et que je ne puis sauver ? »

Il y avait tant d’angoisse et de douleur dans cette exclamation qu’elle arriva au cœur de la mourante ; elle tourna ses yeux déjà presque vitrés sur le jeune homme debout devant elle.

« Oh ! dites que vous n’êtes pas ma mère ; oh ! dites le pour que je ne me livre pas au désespoir et au remords ! s’écria-t-il ; car cent fois déjà j’en ai ressenti d’avoir repoussé ma mère, et si c’était vous, ce serait affreux de ne vous retrouver que pour vous perdre.

— C’est la voix de mon Charles, balbutia l’infortunée madame de Morange ; cette voix vient m’apprendre à mourir : va, ne me plains pas, elle sera bien douce l’heure qui nous rejoindra ; mais j’aurais tant voulu embrasser et bénir mon fils !

— Eh bien ! ma mère, bénissez-le, dit le jeune homme