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qui luttait énergiquement contre la douleur ; mais mourir quand je puis être utile, mourir dans ce moment, cela est affreux. Je vais vous envoyer, si je puis le découvrir, un jeune homme en qui j’ai la plus grande confiance. » Et, se soutenant à peine, le docteur se traîna vers la porte ; en passant, il jeta un triste regard sur madame de Morange : c’était un mourant qui en abandonnait un autre.

Quelques heures se passèrent. M. de Morange, qui avait veillé plusieurs nuits, était assoupi sur un fauteuil, car je n’avais pu obtenir qu’il quittât l’appartement de sa femme ; je le réveillai pour l’engager d’aller chercher des secours : il me semblait que la mort avançait à pas de géant, et je ne voulais pas la laisser arriver sans essayer de la combattre encore, quand tout-à-coup le bruit d’une marche précipitée me rendit un peu d’espoir : un secours semble la vie elle même dans ces momens terribles.

C’était le médecin envoyé par le docteur S…

Je lui montrai madame de Morange en lui demandant des nouvelles du docteur.

« Il n’a pas deux heures à vivre, me répondit-il d’une voix sourde ; et celle-ci, en saisissant le bras de la malade et en le laissant retomber, celle-ci n’a pas même ce temps.

— Mon fils ! balbutia dans ce moment madame de Mo-