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dont la vie ne paraissait tenir qu’à un fil, sentit ses forces renaître, et il fallait se jeter à ses pieds pour l’empêcher de rester au milieu des miasmes dangereux qu’exhalait constamment le lit des malades.

« Que puis-je craindre ? disait-elle quand on la suppliait de se ménager ; la mort ne vient pas à qui l’appelle. »

Elle vint cependant la cruelle, elle vint avec son terrible cortége, et, un soir, d’horribles convulsions saisirent la mère du pauvre, la Providence de tant de malheureux ; à son tour elle les connut ces affreuses tortures qu’elle avait plaintes et soulagées tant de fois. Elle voulut que je la quittasse, et ma mère même vint me chercher. Je dis à madame de Morange ce qui était vrai, c’est que je n’éprouvais aucune frayeur ; que je souffrirais mille fois plus si je m’éloignais d’elle ; que j’étais sûre de tomber malade : j’obtins de rester.

Le troisième jour le danger devint pressant, et son médecin, qui ne l’avait point quittée, s’approcha de moi ; sa main était mouillée d’une sueur froide, et le craquement de ses dents annonçait la contrainte qu’il s’imposait.

« Elle est dans le plus grand péril, me dit-il, et il faut que je l’abandonne, car moi-même je suis atteint, et je sens que je le suis mortellement. Vous pensez que je ne crains pas la mort, ajouta-t-il avec une résolution