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si, depuis douze ans, vous aviez vu sa tristesse et le dépérissement de sa santé. Hélas ! moi je croyais que c’était votre perte qu’il pleurait, et c’était votre abandon.

— Cruel enfant ! m’écriai-je, c’est lui qui m’a repoussée, une autre…

— Paix, ma mère ! s’écria mon fils avec force ; elle est muette pour toujours cette bouche qui ne connut jamais le parjure ; mais voici qui répond. »

En parlant ainsi, Henri souleva le drap mortuaire qui couvrait les restes de son père, et je vis mon portrait attaché sur sa poitrine.

« Jamais, reprit mon fils en pleurant amèrement, jamais ce portrait ne l’a quitté ; il partagea avec moi sa dernière pensée. »

Je tombai à genoux près de cette couche où gisait celui que j’avais tant aimé, et un moment mon désespoir s’unit à celui de mon fils.

Hélas ! ce fut la première et la dernière fois, car je ne pus jamais obtenir qu’il se rapprochât de moi ; il suivit son père jusqu’à son dernier asile, et disparut en suite sans que j’aie pu découvrir ce qu’il était devenu.


Me voici arrivée au moment le plus embarrassant, au moment où, moi obscure jeune fille, je suis obligée de prendre la plume pour apprendre à ceux qui auront lu avec intérêt le récit des malheurs de madame