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« C’est Charles ! c’est le père de mon fils ; permettez moi de le revoir une fois, une seule fois, » lui répétais-je avec cette voix du cœur à laquelle rien ne résiste.

M. de Morange me promit tout ce que je voulus ; mais il me conjura d’attendre pour savoir dans quel état se trouvait M. de Bermon. Il avait chargé son valet de chambre d’accompagner le malade, et il courut l’interroger dès qu’il apprit son retour ; il essaya de me cacher la vérité ; mais je l’obtins, et je sus enfin que M. de Bermon était attaqué d’un anévrisme au cœur qui met tait à chaque instant sa vie en danger ; on l’avait cependant laissé un peu mieux, et je consentis à demeurer jusqu’au lendemain matin.

Mais j’envoyais d’heure en heure ; tantôt Charles donnait quelque espoir, tantôt il allait plus mal ; je voulais courir près de lui, puis j’étais arrêtée par la crainte de lui causer une émotion dangereuse ; enfin, j’étais dans un tel état d’exaspération, que M. de Morange ne consentit à m’accorder la permission de sortir que si je prenais une potion calmante qu’il me présenta : c’était de l’opium, qui me jeta dans un fatigant et profond sommeil.

À mon réveil, un soleil magnifique brillait sur ma tête, et cependant je me sentis frappée d’un pressentiment affreux ; je résolus d’en finir avec mon supplice, et, m’enveloppant d’un vêtement du matin, je parvins à sortir sans être aperçue.