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que Charles n’était pas étranger à ce qui se passait autour de moi.

Mais je fus bientôt désabusée, et je reconnus dans M. de Morange celui qui, avec une bonté sans égale, m’avait montré tant de soins et de dévoûment. Encore tremblait-il quand je le remerciais,tant il craignait que je ne le punisse de m’avoir vue malheureuse.

J’étais seule au monde ; Charles ne m’avait donné aucune marque de souvenirs ; j’appris même qu’il était parti avec mon fils pour les pays étrangers.

M. de Morange m’offrit sa main.

Dès cet instant M. de Morange retrouva la santé et la gaîté qu’il avait presque perdues. Nous nous mariâmes sans faste, sans éclat ; mais après je fus environné d’un luxe qui ne faisait que s’accroître chaque jour. M. de Morange me voyait-il un instant de tristesse ? il m’accablait de fêtes, de présens ; j’avais les voitures les plus élégantes, les plus beaux diamans. Hélas ! tout cela ne pouvait remplacer ce que j’avais perdu.

Un jour, un embarras de voitures arrêta la mienne au milieu d’une rue. Tout-à-coup je reconnus la maison où j’avais été si heureuse ; mes larmes, que je croyais taries, coulèrent de nouveau. Ainsi je passais ma vie dans les regrets ou dans les fêtes. Et combien de fois, pour ne pas affliger l’être si bon à qui j’avais remis mon sort, essayai-je de cacher sous un ban-