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au monde, et que désormais un ami compatissait à ses peines ! mais c’était une désobéissance que son père ne lui aurait pas pardonné. Cependant il ne songeait point encore à quitter la fenêtre où son âme semblait pour ainsi dire attachée, quand il entendit marcher vers la chaumière : c’était Bickman, l’intendant de son père. Craignant d’en être aperçu, Lionel reprit alors le chemin du château ; mais, l’âme trop attristée du spectacle qu’il venait d’avoir sous les yeux pour se sentir la force de paraître au salon, il se retira chez lui en faisant dire qu’il se sentait indisposé. Là, dans la solitude, il se plut à retenir dans sa pensée l’image d’Amélie ; il se rappela avec détail chacun des traits qui la rendaient si charmante. Et c’était une telle femme, douée de tant de perfections, qui allait passer sa vie dans la dépendance d’une carrière aussi aride que fatigante ! et le lendemain, quand elle arriverait chez son oncle, chez son plus proche parent, elle serait reçue comme une étrangère ! bien heureuse encore si elle n’avait pas à souffrir de la hauteur de ses sœurs aînées, car il connaissait trop Marie pour éprouver une telle crainte à son égard : s’il eût eu le moindre doute là-dessus, il n’aurait pas tardé à être entièrement rassuré ; car un coup léger frappé à sa porte lui annonça sa jeune sœur.

« J’étais trop inquiète pour m’aller coucher sans te