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son père, qu’il n’avait jamais cessé de me redemander. L’heure sonna, je le retenais avec frénésie dans mes bras, et malgré plusieurs avertissemens, je ne voulais pas le laisser aller. Enfin, m’attachant encore à une idée consolante, j’allais attacher à son cou mon portrait que je venais de faire faire, et qui me représentait telle que le chagrin et le désespoir m’avaient faite, quand on vint encore une fois demander mon fils.

« On ne peut attendre plus long-temps, dit le messager avec insistance, car il part ce matin pour Toulouse. »

À ces mots, je sentis que je n’avais plus la force de m’opposer à rien ni celle de me plaindre, et laissant tomber de ma main tremblante ce portrait auquel j’avais attaché ma dernière espérance, je ne retins plus mon enfant.

Mais la voiture qui l’emmena sembla rouler sur mon cœur, et le sentiment que j’éprouvai était à la fois si profond et si terrible, que je sentis que de tous les amours, le plus puissant est l’amour maternel.

Je ne pus alors supporter devoir mes moyens d’existence à M. de Bermon, qui, avec une générosité que j’avais vainement repoussée, m’avait assuré une pension assez considérable ; je lui en renvoyai le contrat, et je me mis à broder pour vivre. Je passais les jours et les nuits à travailler pour gagner une légère somme qui