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Cependant quand nous parûmes devant le magistrat qui devait rompre nos liens, j’espérais encore. La pâleur de Charles était remarquable, et au moment où on nous invita à songer à ce que nous allions faire, au moment où nous allions signer l’acte de séparation, il montra une violente émotion.

On lut d’abord l’acte qui décidait qu’à sept ans mon fils devait retourner avec son père. Je jetai un cri, et tombai presque sans vie ; la pitié entra dans tous les cœurs ; M. de Bermon fit un pas pour s’approcher, et j’allais être sauvée ; mais revenant à lui, il signa précipitamment l’acte fatal, et disparut.

Je restai plusieurs mois dans un état voisin de la mort. J’en sortis l’ombre de moi-même, ma figure et ma jeunesse à jamais flétries, et une pâleur mortelle répandue sur mon visage. Je ne versais plus de larmes, une idée fixe oppressait mon cœur : j’étais séparée de Charles, séparée pour toujours, et dans quelques mois on allait m’enlever mon fils.

Ce jour arriva ; la nuit qui le précéda je la passai assise auprès de sa couche. Hélas ! il dormait sans songer qu’on allait le ravir à sa mère, et moi je portais alternativement les yeux, de cette figure innocente à la fenêtre, où j’allais voir paraître le dernier jour où il m’appartiendrait. Il s’éveilla, s’affligea de mes larmes, et cependant il ne put cacher sa joie d’aller retrouver