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à mon fils, et chaque soir, pour venir autour de cette maison où j’avais été si heureuse. Que de fois je fus près d’y entrer ! que de fois je vis Charles y revenir triste et profondément abattu !

Un soir, j’étais très-près de lui ; un sanglot déchirant s’échappa de ma poitrine ; il se retourna, et avec une bonté qui me déchira le cœur, il mit une pièce de monnaie dans ma main, car je me déguisais de manière à me rendre méconnaissable.

Mais que souvent aussi mon cœur fut déchiré par une autre douleur ! Quand il ne se rendait pas à la campagne où était Louise, elle venait à Paris, et je les voyais ensemble sans qu’ils pussent m’apercevoir. Ah ! c’est alors que j’entrais dans des accès de désespoir que les larmes de mon pauvre enfant pouvaient seules calmer. Mais tout-à-coup une pensée horrible se présenta à moi.

Il l’épousera, pensai-je, elle sera heureuse avec lui ; il l’aimera sans crainte et sans remords. Je résolus de tout arrêter ; j’envoyai chercher mon homme d’affaires, je le chargeai de prévenir M. de Bermon que je ne voulais plus divorcer, que je consentais à le laisser libre, à vivre où il voudrait. J’attendis sa réponse, l’effroi dans le cœur. C’était un refus.

« Jamais, répondit-il, je n’aurais commencé une démarche qui répugnait à mon cœur et à mon opinion ; mais l’éclat est fait, je veux être libre. »