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nécessaire pour un long voyage ? Il m’apprit que M. de Bermon se rendait à la terre de la mère de Louise.

Ainsi il allait conduire mon fils chez mon ennemie, sans daigner même m’en prévenir. J’écrivis avec toute l’indignation que m’inspirait une telle conduite. M. de Bermon me répondit froidement que je ne pouvais soigner mon fils au milieu des fêtes. Au milieu des fêtes, et je vivais dans les larmes ! Ma tête s’exaspéra : j’avais sans cesse devant la pensée le souvenir de mon bonheur passé ; je ne voulais point m’avouer que j’avais mérité de le perdre en méconnaissant le caractère de mon époux. Hélas ! que je le jugeai mal encore en prenant la résolution à laquelle je m’arrêtai !

On divorçait alors avec une facilité malheureuse, qui présentait à chaque pas l’image de désunions permises par la loi. J’étais loin de vouloir user d’un tel moyen ; mais je crus qu’en en menaçant Charles il reviendrait à moi, qu’il ne pourrait consentir à me perdre. C’est un des grands torts des femmes de ne prendre pour guide que leurs passions. Je me laissai diriger par les miennes, et je commis une faute, qu’avec le caractère de M. de Bermon j’aurais dû prévoir qu’il ne pardonnerait jamais ; mais savais-je ce que je faisais dans l’état d’exaspération où m’avait réduite la solitude et l’abandon, et ne confiant mes peines à personne ?

Hélas ! je commis la plus dangereuse des fautes. Je fis